quote: | LILLE (AFP), le 27-10-2003
Un mois après la mort de Vincent Humbert, un jeune tétraplégique dont l'histoire a relancé le débat sur l'euthanasie en France, le procureur de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a ouvert une information judiciaire visant la mère du jeune homme et le chef du service de réanimation où il était soigné.
Estimant être "désormais en possession de l'ensemble des pièces de l'enquête", la justice est sortie lundi du prudent silence qu'elle observait depuis le décès, le 26 septembre, de Vincent, devenu tétraplégique, muet et presque aveugle après un accident de la route en 2000.
Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Gérald Lesigne, a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire visant Marie Humbert pour une "infraction délictuelle" et le Dr Frédéric Chaussoy, chef du service de réanimation du centre héliomarin où était soigné le jeune homme depuis trois ans, pour "des faits de nature criminelle".
Marie Humbert, 48 ans, se voit reprocher "l'administration de substances toxiques commise avec préméditation et sur personne vulnérable", un délit pour lequel elle encourt une peine maximale de cinq ans d'emprisonnement.
Le Dr Chaussoy est visé "pour des faits de nature criminelle qualifiés d'empoisonnement avec préméditation", passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.
Le médecin avait rapidement assumé la responsabilité du décès de Vincent, en débranchant lui-même le respirateur artificiel du jeune homme et en disculpant Marie Humbert, qui avait tenté de mettre fin aux souffrances de son fils en lui injectant des barbituriques.
Marie Humbert avait été placée en "garde à vue protégée" avant d'être libérée sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle, moins de 24 heures après son interpellation.
L'avocat de cette dernière, Me Hugues Vigier, a estimé que la justice avait "fait un choix, en terme d'opportunité des poursuites, favorable à Marie" tout en regrettant qu'il n'en soit pas de même pour le Dr Chaussoy.
"Pourquoi peut-on comprendre le geste d'amour d'une mère et pas le geste d'humanité d'un médecin ? C'est bien une position politique qui est affirmée à travers ce choix", a-t-il déploré.
Me Vigier a rappelé que Marie Humbert était porteuse d'un combat, pour aider son fils à partir et pour que d'autres n'aient pas à endurer ce calvaire. "J'ai peur que le choix de la justice ne signifie l'enterrement de son combat et du débat à peine amorcé sur l'euthanasie", a-t-il poursuivi
De son côté, le défenseur du médecin, Me Antoine Duport, a estimé que cette ouverture d'information ouvrait "de nouvelles perspectives", bien que la "recherche d'une responsabilité en matière criminelle (soit) assez dure car elle peut conduire en théorie à une lourde peine".
"Nous avons désormais toute latitude pour montrer les faits justificatifs d'une situation exceptionnelle, qui conduiront, je l'espère, le juge d'instruction à prendre une ordonnance de non-lieu", a-t-il déclaré.
L'avocat a par ailleurs jugé "réconfortant" que le personnel soignant du centre héliomarin ne soit pas poursuivi.
La direction du groupe Hopale, dont fait partie le centre, a renouvelé lundi "sa confiance" en l'équipe médicale et "en particulier du Dr Frédéric Chaussoy".
L'information judiciaire a été confiée au juge d'instruction boulonnais Anne Morvant. En attendant une présentation au juge, ni Mme Humbert ni le Dr Chaussoy ne font l'objet de "mesure de sûreté, détention provisoire ou placement sous contrôle judiciaire", a précisé le parquet. |
Peuvent pas lui foutre la paix non ????
Je comprends pas pourquoi on a pas le droit d'avoir un pouvoir sur sa mort dans notre pays....
Ca me choque de voir que la justice n'accepte pas la dernière volonté d'une personne...
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